4b – De l’art rupestre à l’écriture, l’évolution de la représentation graphique en Mésopotamie :
A - La préhistoire :
Le Paléolithique inférieur (environ de – 800000 à – 300000)
Le Paléolithique moyen (environ de – 300000 à – 40000),
Le Paléolithique supérieur (environ de – 40000 à – 9500), l’art figuratif fait son apparition.
Mésolithique -9600
Néolithique -6000 Poteries
Âge du Bronze -2300
Âge du Fer -800
Antiquité -50
Moyen Âge 500
Époque moderne 1500
Époque contemporaine 1789
a - Le paléolithique :
La préhistoire de la Mésopotamie se situe autour des fleuves le Tigre et l’Euphrate et dans les zones environnantes du Zagros, de l'Anatolie et de la Syrie.
Durant le Paléolithique moyen,
des chasseurs-cueilleurs vivent dans les grottes de la chaîne de montagnes du Zagros et, de manière saisonnière, sur les plaines alluviales. Ils nous ont laissé des
outils en pierre (outillage dominé par les racloirs et
denticulés), et des restes funéraires, comme un corps entouré de fleurs trouvé dans la grotte de Shanidar qui indique l’attention apportée aux membres de la communauté.
Contrairement à la plupart des régions du monde, l'art rupestre en Mésopotamie est
peu développé.
Peu d'exemples de peinture subsistent : on retrouve cependant des figures géométriques et des créatures mythologiques.
Dans la région du Zagros des sculptures, des peintures et des figures humaines ont été mises à jour. Mais, en Mésopotamie du Sud, la majorité des vestiges ont été
enfouis sous les alluvions.
Figure féminine assise.
Samarra, VIe millénaire av. J.-C. (Lieu sur la carte).
La Mésopotamie nous apparaît aujourd’hui comme le berceau de l’écriture, mais comment y est-elle parvenue ?
b - Le néolithique - les poteries (entre -7000 et -5000 av JC) :
Au cours du néolithique pré-céramique, les habitants vont utiliser des
récipients en pierre jusqu’à l’apparition de la céramique vers 6000 ans avant J.C..
La présence d’argile va alors faciliter la fabrication de récipients pour les denrées alimentaires, et permettre le marquage des produits échangés entre populations commerçantes. Comme nous avons pu le voir en Egypte, on retrouve ici
l’importance du support mobile dans le développement de l’écriture.
Survient alors une période où les poteries s’imposent, en particulier dans des sites comme Jarmo et Tell Hassuna.
Ce développement s’est produit de manière similaire dans différentes régions :
-
Culture de Hassuna : (6000 à 5000 av JC)
On trouve une poterie utilitaire et une céramique décorée par incision.
Txt
-
Culture de Samarra : (6200-5700 av. J.-C.)
Les décors s’affinent avec des motifs animaliers, humains et géométriques.
Céramique fine de la période de Samarra,
Pergamon Museum de Berlin.
-
Culture de Halaf : (6000-5100 av JC).
Dans sa dernière période, de nouvelles formes apparaissent, et la peinture devient polychrome.
Bol en céramique de la culture Halaf.
-
Culture d'Obeïd : (5300-4700 av. J.-C) 6500 à 3750 selon Wiki
Poterie d'Obeid 3,
Musée du Louvre, AO 2959838
B – Le rendez-vous avec l’Histoire - l'apparition de l'écriture :
Le Paléolithique inférieur (environ de – 800000 à – 300000)
Le Paléolithique moyen (environ de – 300000 à – 40000),
Le Paléolithique supérieur (environ de – 40000 à – 9500), l’art figuratif fait son apparition.
Mésolithique -9600
Néolithique -6000 Poteries
Âge du Bronze -2300
Âge du Fer -800
Antiquité -50
Moyen Âge 500
Époque moderne 1500
Époque contemporaine 1789
a - Les conditions de l'apparition de l'écriture :
Vers la fin du IVe millénaire av. J.-C., les villages qui s'agrandissent en villes
imposent des règles établies par une élite dirigeante forte. L'instauration de vastes cités états comme Uruk voit l’
apparition progressive de l'écriture comme moyen de communiquer.
L’écriture marque la fin de la Préhistoire et l’entrée dans l’Histoire.
Les cités états dans une plaine alluviale.
Ainsi l’apparition de l’écriture apparaît intimement liée aux conditions de vie en société.
A cela s’ajoutent les
particularités déterminantes de l’environnement comme les rochers pour les gravures rupestres et les colorants dans l’art pariétal.
En Mésopotamie, trois conditions ont favorisé l’apparition de l’écriture :
-
un support d’utilisation facile et aisément transportable, l’argile, équivalent du papyrus. Ce support et l’outil de traçage, le roseau, sont fournis par l’environnement naturel.
Cette argile est tellement importante qu’elle donnera naissance à un mythe de la création dans lequel l’homme a été façonné à partir d’argile, tel une statuette d’artiste.
-
les cités-états qui nécessitent une organisation sociale rigoureuse. Sur le plan politique, ces cités sont toutes indépendantes les unes des autres. Elles agissent de façon autonome et ont les mêmes pouvoirs qu'un État occupant un large territoire. La Mésopotamie de l'Antiquité a vu naître et grandir un bon nombre de ces cités sur son territoire : Babylone et Ur en sont les exemples les plus connus.
-
le commerce qui impose de répertorier et comptabiliser les échanges.
Pictogramme symbolisant un mouton.
C’est ainsi que la civilisation de Sumer, après avoir donné naissance aux premières villes, a pu s’épanouir et dominer la région durant deux millénaires.
Avec l’apparition de l’écriture, l’homme
quitte la préhistoire pour entrer dans la période historique.
b - Les prémices de l'écriture en Mésopotamie :
-
Le proto-élamite : (entre 3300 et 3000 av. J.-C.)
Dans une région voisine de la Mésopotamie, principalement dans la ville de Suze, une écriture originale est apparue, inscrite dans l’argile : le proto-élamite. Composée de signes figuratifs ou abstraits, elle s’écrivait de droite à gauche.
Ces premiers signes, précédant l’écriture cunéiforme, pouvaient aussi bien représenter un mot (logogramme) qu’une idée (idéogramme). L’image pouvait être réaliste, ou extrêmement simplifiée, telle celle du mouton réduit à une simple croix au centre d’un cercle pouvant désigner son enclos.
Tablette de comptabilité en proto-élamite (3300 à 2800 av. J.-C.).
Cette graphie, dite « protoélamite », n’a pas eu de suite.
Ces premières tablettes ne comportent que des signes indispensables à la compréhension de l’information à transmettre, qui
expriment des mots sans relation entre eux. Ces signes symbolisant des personnes, objets ou animaux pouvaient être associés à des nombres. Leur tracé normalisé montre qu’il s’agit d’un répertoire partagé, signe de l’apparition d’une véritable écriture.
Tablette administrative proto-cunéiforme relative à la distribution de rations.
Phase Uruk III (v. 3200-3000 av. J.-C.). British Museum.
Si une situation instantanée était bien représentée, il était impossible d’exprimer son évolution. Tout comme le langage à ses débuts, les signes et leurs combinaisons ressemblaient alors davantage à un
langage primitif [cf : le protolangage] de type
pidgin qu’à un langage évolué.
Par contre, ce proto-élamite était parfaitement adapté au commerce en présentant un éventail de denrées appelées à voyager et parvenir à leur destinataire.
Avant d’évoluer vers le cunéiforme, écriture attestant d’un langage élaboré, le graphisme a dû s’adapter pour une meilleure traduction de l’expression des sons et de la pensée.
-
- Le proto-cunéiforme :
Apparu à la même époque que le proto-élamique, on le découvre sur des tablettes d'argile
essentiellement à Uruk, la principale cité état de cette période. Ancêtre du cunéiforme, cette écriture archaïque s'en distingue par une graphie plus linéaire et une quasi-absence de signes phonétiques.
Les signes qui composent le proto-cunéiforme consistent eux aussi en
signes logographiques qui représentent des mots, et en
signes numériques qui permettent de quantifier des objets, surfaces, volumes, durée.
Ces textes, essentiellement de nature administrative, enregistrent des mouvements de biens, les comptabilisent et précisent l’expéditeur et le destinataire.
Pictogrammes de la Tablette de Kish (vers 3500 avant J.-C.).
Ashmolean Museum - Oxford (Grande-Bretagne).
L’apport essentiel, par rapport aux pétroglyphes, est la capacité de noter rapidement une information par une représentation stylisée, puis de la modifier ou de l’effacer en fonction des besoins, tout comme aujourd’hui avec le support papier.
Normalisés et disposés dans un ordre invariable, les signes qui recouvrent ces tablettes attestent eux aussi qu’il s’agit d’une écriture.
La diffusion de ces documents, dans le bassin mésopotamien et les régions voisines, indique que cette invention est liée à l’émergence de la notion d’État.
-
- L'écriture pictographique :
De plus, dérivée de l’art rupestre, l’écriture pictographique utilise des images miniaturisées, bénéficiant de l’existence d’un support mobile.
La combinaison de ces images permet de préciser l’information.
Bien que les écritures Mésopotamienne et égyptienne n’aient ni la même origine, ni le même développement, on peut rapprocher ces tablettes de celles retrouvées dans la tombe du
roi scorpion, 3300 avant notre ère. On constate alors un
même développement dans toutes les collectivités humaines en quête de communication.
Tablettes de la tombe du Roi Scorpion (Egypte).
Toutefois, l’apparition de l’écriture elle-même dépend surtout du
degré d’évolution de la collectivité et.de ses besoins (religion, commerce, administration...).
-
L'écriture idéographique :
Plus évoluée, l'écriture idéographique est un système qui évoque désormais non seulement des mots, mais peut
exprimer aussi des idées ou des concepts.
La succession des nouveaux symboles va alors décrire la pensée, évoquant l’image d’origine et les idées qui en découlent, les situations que l’on se représente, c’est-à-dire tout ce que l’esprit peut concevoir.
Ainsi dans l’évolution de l’écriture sumérienne, examinons la représentation de la main : elle désigne, sans erreur possible, une partie du corps,
Main..
Mais dans la tablette où elle est gravée, elle signifie « recevoir », et les encoches triangulaires qui accompagnent les objets dans les compartiments du haut représentant des nombres.
Proto cunéiforme Sumérien.

L447
Tablette de comptabilité inscrite en écriture idéographique sumérienne.
Dans la partie supérieure, les signes idéographiques sont accompagnés de signes numéraux .
Louvre – Collections.
Sur ces tablettes, les signes se répartissent dans des cases, comme autant de tablettes juxtaposées, ce qui en facilite la lecture.

L448
Idéogrammes indiquant les rations quotidiennes de bière pour les ouvriers
(-3300 à -3000).
British Museum.
On constate que les signes numéraux sont représentés de deux manières : l’encoche et le cercle.
c - La naissance de l'écriture cunéiforme :
- La transformation des signes :
Au cours de la première moitié du 3e millénaire avant notre ère, cette écriture idéographique va être décomposée en éléments ressemblant à des petits « clous ». Elle va y gagner en rapidité et permettre d’isoler les syllabes.
Réalisés par pression d’un stylet en roseau (le calame) sur une tablette d’argile,
quatre types de signes vont être sélectionnés : horizontal, vertical, oblique, ainsi que la « tête » de clou isolée.
Calame.
Signes cunéiformes.
Au fil du temps, on constate une transformation progressive des signes.
Auparavant, la majorité des pictogrammes représentait la réalité. On remarque la forte
similitude avec les dessins d’enfants, les traits et les points, la représentation filiforme des silhouettes
[cf : le bonhomme têtard].
Au 3ème millénaire avant J.-C., les signes subissent une
rotation vers la gauche et la lecture s’effectue de gauche à droite.
Rotation des signes.
Dans le même temps,
les signes vont se combiner pour exprimer la richesse du langage et de la pensée. Les phrases s’écrivent alors en respectant la succession des mots du langage parlé
Combinaison de plusieurs signes changeant leur sens.
Cette transformation se poursuit avec un tracé qui devient rectiligne.
Du pictogramme au signe abstrait. Apparition des signes cunéiformes.
Puis ces signes se simplifient, deviennent abstraits. Cette stylisation des images accompagne le
développement de la capacité d’abstraction du cerveau humain.
L’homme devient ainsi capable de représenter autrement la réalité.
Les cases où s’inscrivaient les signes vont progressivement disparaître et l’écriture devient linéaire.
Ce processus va se poursuivre et s’affiner avec l’apparition des signes cunéiformes.
Transformation des signes pictographiques en signes cunéiformes.
L’écriture cunéiforme devient alors capable de restituer toutes les nuances de la pensée. Sa structure va lui permettre d’être exploitée par d’autres langues, ce qui va être le facteur déterminant de son expansion et de son évolution.
C’est ainsi qu’au cours de plus de 3000 ans d’existence, l’écriture cunéiforme a été utilisée par une douzaine de langues différentes.
Mais, pour parvenir à de tels développements, il a fallu que les capacités d’abstraction de l’homme se renforcent.
-
L'écriture phonétique :
Le passage au cunéiforme s’est accompagné d’une autre évolution majeure : grâce à leur simplification, les signes vont non seulement représenter une action, mais aussi
des sons isolés ou les sons d’une syllabe. C’est ainsi que le sumérien est la première langue à utiliser une écriture syllabique : ce progrès sera adopté par des langues voisines.
Cette innovation a permis de réduire le nombre de symboles utilisés. La transmission des informations par voie écrite va en être facilitée et une expression plus claire de la langue parlée va être possible. Cette nouveauté prélude aux écritures que nous connaissons aujourd’hui.
Vers le milieu du 17ème siècle av. J.-C., le système cunéiforme est adapté par un peuple d’Anatolie centrale, les Hittites, pour y inscrire leur propre langue.
L’Empire hittite dans sa plus grande étendue.
Sons (a, e, i,u) ou syllabes (ba, be, bi, bu) du syllabaire hittite.
Phonogrammes de type V et CV du syllabaire hittite.
-
L'écriture alphabétique phénicienne :
Le premier alphabet a vu le jour en Phénicie vers 1 400 av. J.-C.. Les syllabes ont alors été décomposées en leurs différents sons. Les signes utilisés représentent désormais
des sons uniques qui permettent de recomposer les syllabes et d’écrire des mots.
Phénicie.
Le nombre de
phonogrammes est réduit de façon drastique. Cet alphabet qui ne transcrit que les consonnes ne comporte que 22 signes.
Alphabet phénicien.
Cet alphabet phénicien va lui-même être transcrit en écriture cunéiforme.
Le premier alphabet en écriture cunéiforme,
adapté aux sonorités du dialecte local, possède trente signes ; il est apparu à Ougarit, ville commerçante de la côte syrienne entre le milieu du XIIIe et le début du XIIe siècle av. J.-C..
Alphabet d’Ougarit.
C’est dans cette écriture que les scribes d’Ougarit ont écrit leurs mythes et leurs rituels religieux, ainsi que les textes administratifs de leur royaume.
Le dernier millénaire de l’existence de l’écriture cunéiforme est celui où la langue et l’écriture atteignent leur plus grande perfection, permettant aux érudits de développer et
partager leur connaissance du Monde.
Texte Babylonien (Lecture de gauche à droite).
« Tout en empruntant des chemins différents,
les écritures ont débuté par des images reproduisant ce que l’œil voyait.
Puis, elles ont abouti à des signes abstraits traduisant ce que l’oreille entendait.
L’écriture a alors combiné les deux, permettant au lecteur
d’ « entendre » les sons du langage représentés par l’écriture,
et de « visualiser » la situation décrite par l’écrivain »
L‘écriture a permis aux habitants de ces cités de partager un nombre important de connaissances domaines totalement différents.
C – Les apports sociaux et scientifiques de l'écriture :
a - L'organisation de la vie en société :
-
Le commerce :
Dans des sociétés en expansion qui avaient besoin de développer les échanges commerciaux, les conditions environnementales s’avèrent déterminantes (ici, l’argile facile à modeler et réutiliser). De simples signes sur des tablettes ont ainsi permis de partager des informations sur les denrées échangées entre expéditeurs et destinataires.
« Les signes abstraits s’imposent pour organiser les relations,
créer des équivalences entre marchandises,
ou donner une valeur marchande au travail . »
-
La comptabilité :
De plus, la conduite d’un état nécessitait la levée d’impôts et l’évaluation des biens. C’est ainsi que les premiers signes apparus parallèlement aux représentations graphiques ont été
les signes comptables.
Tablette en écriture cunéiforme archaïque concernant la vente d’un champ et d’une maison.
Shuruppak, v. 2600 av. J.-C. Musée du Louvre.
« Les mathématiques de base se développent . »
-
La protection de l'individu et du groupe :
Le développement d’un état ne saurait avoir lieu sans l’établissement de règles de conduite indispensables au maintien de l’ordre.
L’écriture est pour cela indispensable pour
organiser la justice, diffuser ses règles et ainsi l’exercer dans tout le territoire.
C’est au fondateur de la « troisième dynastie d’Ur », le général Ur-Namma, que l’on doit la création du
premier code juridique du monde.
Le premier code juridique,
créé par Ur-Namma entre 2100 et 2050 avant notre ère.
Le début de ce texte décrit la façon dont Ur-Namma a créé la justice et l’a faite appliquer, notamment en protégeant les veuves et les orphelins. Il a influencé les systèmes juridiques mésopotamiens jusqu’à l’élaboration du
Code de Hammourabi , du nom du roi babylonien qui régna trois siècles plus tard.
« La justice s’impose pour faire respecter l’individu et l’Etat. »
b - Le développement de la science :
La civilisation mésopotamienne a développé, en sus de l’écriture et du calcul comptable, les connaissances médicales. Elle a aussi posé les fondements des disciplines scientifiques en créant différents systèmes mathématiques comme la métrologie et l'astronomie. Elle a introduit, de plus, de nouveaux concepts tels que les fractions et la
numération de position.
-
La médecine et le bien-être individuel :
Avec l’écriture, les connaissances anciennes peuvent être
mémorisées, et les nouvelles,
partagées.
Le vocabulaire se développe. L’écriture cunéiforme, qui fixe sur l'argile les premières ordonnances médicales de l’Histoire, nous permet de les découvrir aujourd'hui. Les textes médicaux décrivent les maladies et proposent des remèdes, dévoilant une médecine avancée.
Tablette en cunéiforme sumérien datant de - 2400 av. J.-C.
sur laquelle sont inscrites des prescriptions médicales.
La médecine va intégrer d'autres disciplines telles que l’anatomie et la physiologie.
En quittant le domaine de la pure tradition orale, cette médecine devient une science. Elle implique des découvertes et des échanges qui vont permettre d’améliorer les résultats obtenus.
Toutefois, cette science est influencée par des facteurs humains et sociaux. A côté des
connaissances avérées car vérifiables, elle va continuer à utiliser les
rituels magiques de guérison, exploitant avant l’heure l’effet placebo.
La guérison ne pouvant être dissociée de son aspect religieux, il en résulte des pratiques médicales où se mèlent usage de remèdes pharmaceutiques et d’objets magiques (incantations, objets protecteurs…).
Scène de guérison d'un patient, détail de la « plaque de Lamashtu »,
Musée du Louvre, VIIIe siècle av. J.-C..
Le plus important traité médical retrouvé est le « Traité de diagnostics et pronostics », avant tout destiné à l’initié ou
āšipu.
« La science des soins aux malades se perfectionne
et se diffuse. »
-
La métrologie et la géométrie :
Si les plans étaient inutiles pour bâtir une hutte, les édifices royaux et religieux ont nécessité l’élaboration de plans détaillés à l’usage des bâtisseurs.
Discipline scientifique de la mesure, la métrologie a permis aux architectes mésopotamiens de nous laisser des plans tracés sur des tablettes d’argile, attestant de leurs méthodes de travail.
On y découvre les dimensions internes des pièces et la largeur des ouvertures. Certains plans précisent l’orientation des constructions par rapport aux points cardinaux.
Plan de Girsu, ancienne Tello, fin du IIIe millénaire
(musée du Louvre, AO 338).
-
La trigonométrie :
Après un premier développement nécessité par les échanges commerciaux et la construction d’édifices, un nouveau pas vers
l’abstraction scientifique marque les mathématiques.
C’est ainsi que la tablette Plimpton 322 (environ 1800 av. J.-C.) découverte sur le site de la cité antique de Larsa contient des listes de nombres qui semblent correspondre à des
triplets pythagoriciens. Si cette hypothèse était avérée, ce serait la première table
trigonométrique de l’histoire, antérieure de plus de quinze siècles à la «
table des cordes » de l’astronome et mathématicien grec Hipparque (IIe siècle avant J.-C.).
Tablette « Plimpton 322 », datée de 3700 ans,
conservée à l’université Columbia (New York).
« L’abstraction s’intensifie.
Elle évolue vers des langages qui échappent aux non-initiés. »
-
L'astronomie :
L'approche qui a tout d'abord mené à l’astronomie a été l’observation du ciel diurne. Les changements de saisons ont pu être reliés à la position du Soleil dans le ciel. Puis cette science s’est enrichie avec l’apparition de l’écriture qui a permis de compiler des phénomènes célestes étranges.
L’observation du ballet des astres nocturnes, s'est toutefois perdu lorsque les événements astronomiques ont été interprétés comme des signes divins.
C’est ainsi que, dans l’Épopée de la Création babylonienne, le dieu Marduk attribue une étoile à chaque dieu, et qu’en Mésopotamie la science des astres reste cantonnée à l’astrologie.
Tablette circulaire représentant un planisphère céleste indiquant la position des constellations.
British Museum[15].
Traduction du texte « Porte du Dieu » en cunéiforme babylonien
(Moyen Babylonien, 1600-1000 av. J.-C.).
« En devenant abstrait, le langage écrit quitte le monde concret
pour s’évader dans le magique. »
« Désormais, pour l’homme,
la vie en société remplace la vie dans le monde naturel.
De même, voir des signes écrits suffit à voir des situations réelles. »
« Au cours de l'Evolution, entendre avait acquis la même fonction que voir,
désormais l’écriture, comme auparavant les peintures rupestres, permet elle aussi de voir. »
- Que nous a appris le développement des écritures ?
(bientôt)
Bibliographie :